Ces sondages qui masquent les programmes des candidats

Les sondages rythment la course à l’élection présidentielle américaine. La crédibilité de ces « polls » varie grandement selon la façon dont ils sont réalisés. Les médias ont donc un rôle à jouer en sélectionnant les plus pertinents. 

Quatre débats, quatre sondages. À chaque fois un vainqueur désigné par les médias qui s’appuient sur ces « polls ». Face à leur prolifération, le travail des journalistes consiste à choisir les plus opportuns pour aider les électeurs dans leurs choix. De l’extérieur comme de l’intérieur du pays, certains se réfèrent aux sondages pour suivre l’évolution du duel entre les deux hommes.

Au sortir du débat, plusieurs enquêtes fleurissent sur la performance orale des protagonistes, occultant le plus souvent les différents axes des programmes ou de s’attarder sur les programmes des deux candidats. On assiste alors à une bataille plus esthétique que politique. Le candidat qui a été le plus persuasif aux yeux des spectateurs s’est vu crédité d’une meilleure image. Celle-ci s’en trouvera alors dotée d’un plus grand pourcentage dans les nouveaux sondages qui seront effectués.

Fox News reprend le sondage d’un FastFood

Les journalistes ont un véritable rôle à jouer dans l’utilisation de ces « polls ». Cependant, les enquêtes ne sont pas toujours crédibles. Récemment, les médias américains dont Fox News ont rendu publique un sondage pour le moins peu sérieux. Un FastFood a cherché à déterminer qui d’Obama ou de Romney plaît le plus aux Américains : the 7-Eleven Coffee Cup Poll. Au moment de prendre sa boisson, le consommateur doit faire un choix entre les deux candidats pour savoir lequel ornera les contours du gobelet. Il s’avère que c’est Barack Obama qui remporte la bataille avec 58% contre 42% pour le candidat républicain. Dans un de ses programmes, la chaîne américaine a utilisé cet exemple comme source pour donner un aperçu du vote.

Des « polls » plus crédibles

Les médias importants ont cependant les moyens de réaliser par eux mêmes, ou de demander à des agences spécialisées, des enquêtes plus conformes à la représentation électorale du pays. Mieux, certains sondages sont ciblés sur les « Swing States », ces Etats susceptibles de faire pencher la balance en faveur d’un des deux candidats. Focalisés sur les questions brûlantes comme l’économie ou l’immigration, ils s’attardent sur les populations les plus touchées par ces sujets. Ces « polls » ciblés sont de plus en plus fréquents et offrent une plus grande visibilité sur les enjeux clés et les Etats qui peuvent basculer pour Barack Obama ou Mitt Romney.

Les sondages sont aujourd’hui utilisés par les médias pour donner la tendance actuelle des deux opposants dans l’opinion générale. Bien qu’ils ne soient qu’une illustration grossière du point de vue de la population, les journalistes ont souvent tendance à utiliser ces résultats pour conclure de manière parfois hâtive l’avancée ou le retrait en pourcentage d’un des deux candidats. La couverture médiatique des élections présidentielles américaines oscille entre abondance de chiffres et analyse peu pertinente des programmes des différents protagonistes.

Texte rédigé par Aurélien Casanova et Victor Chini

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.