Edition spéciale : Un massacre de quelques minutes à Charlie hebdo pour près d’une semaine de couverture

Trois semaines après les attentats du 7 janvier à Charlie Hebdo, et la semaine de couverture spéciale qui a suivi, le pays se remet doucement d’un événement sans précédent. Si le massacre de Charlie Hebdo et les prises d’otage sont aisément condamnables, qu’en est-il de leur traitement par les médias ?

Mercredi 14 janvier, une semaine après les attentats, le journal Charlie Hebdo tient debout.
Mercredi 14 janvier, une semaine après les attentats, le journal Charlie Hebdo tient debout.

Tout commence ou plutôt tout bascule le mercredi 7 janvier dernier lorsque les frères Kouachi — qu’on ne présente plus — déciment la rédaction de Charlie Hebdo, faisant 12 morts. Pourtant, seuls les noms de Charb, Wolinski, Cabu, Honoré et Tignous résonnent à la télé, la radio, sur internet et dans les journaux. 7 manquent encore à l’appel, 7 anonymes qui ont également perdu la vie aux côtés des dessinateurs célèbres. Les policiers Amhed Merabet et Franck Brinsolaro, la psychologue Elsa Cayat, le journaliste Bernard Maris, l’agent de maintenance Frédéric Boisseau, le correcteur Mustapha Ourrad et Michel Renaud, fondateur du festival Rendez vous du carnet de voyage viennent compléter la liste, mais leurs noms ont tardé à sortir du chapeau. Comme si leur vie avait moins de valeur parce que méconnus du grand public, mais pourtant des êtres humains au même titre que les autres. Ce premier choix des médias en dit long sur les jours d’éditions spéciales qui ont suivi.

Le 9 janvier, la tragédie se poursuit avec Amedi Coulibaly et les frères Kouachi dans le premier rôle. L’intrigue ? Deux prises d’otage simultanées, les médias ne chôment pas et on de quoi se mettre sous la dent… Toutes les chaines d’information sont sur le qui vive, le monde est tourné vers la France, figée. Mais une fois les faits exposés avec précaution, les journalistes se sont retrouvés face au besoin de combler, à vouloir en faire trop la matière vient inévitablement à manquer menant à quelques « boulettes ». Certaines risibles, la présentatrice de France 2 décrivant les agents du GIGN sur des branches alors qu’ils sont en position sur le toit de l’imprimerie lors de la prise d’otage des frères Kouachi, d’autres nettement moins, lorsqu’une journaliste de BFM TV, voulant donner le plus d’informations précises possible, dévoile la cachette d’une jeune femme dans le supermarché Casher tenu par Amedi Coulibaly. Aucun de ces exemples n’est finalement risible, les médias ont mis en danger les otages mais aussi les forces de l’ordre. «  Trop d’info tue l’information » n’a pas hésité à crier la proche de l’un des otages de l’Hypercasher. A trop vouloir faire mieux que les autres, les médias français ont parfois fait le mauvais choix. C’est le cas de RTL qui a diffusé sa conversation avec Amedi Coulibaly ou Le Point qui a publié une photo non floutée d’un des terroristes sur le point d’abattre le policier Amhed Merabet.

Anonymes ou célébrités, 17 personnes sont décédées des suites des attentats donnant une triste matière aux médias qui ont relayé ces événements tragiques à un public médusé — et ne nous leurrons pas — un peu assoiffé de toujours plus d’informations. Espérons maintenant qu’aucun autre fait de ce genre ne se reproduise de sitôt pouvant remettre en cause, conforter ou bien démentir ce qui précède. Mais tout est-il vraiment pardonné ?

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.