Si le data vous était donné(es)

qui fait mentir les chiffres ?

La presse papier est en difficulté, mais l’information reste au centre des préoccupations de notre société — suffisamment pour qu’un nouveau type de journalisme puisse voir le jour. Parmi les nouveaux leaders de l’information représentatifs de cette mutation, on peut citer le journalisme hacker, qui passe notamment par le développement d’applications dédiées à l’information, mais aussi le journalisme de données.

Pour les journalistes, coopération avec des professionnels de l’informatique et acquisition de nouvelles compétences sont de rigueur pour faire du data journalisme un domaine d’exercice supplémentaire faisant de l’angle data un nouvel angle parmi les autres. Censés disposer des compétences nécessaires pour analyser les données avant de les transmettre, il peut, par leur intermédiaire, révéler de lourdes informations que le lecteur n’est pas forcément prêt à recevoir.

Autant intéressant que dangereux

Revers de la médaille pour le data journalisme, le lecteur peut parfois se retrouver victime de l’information de données qu’on lui livre et qu’il n’est pas à même de comprendre. Abus, mensonges, manipulations, chiffres subjectifs ne sont pas à omettre de certaines pratiques journalistiques pouvant faire dire n’importe quoi aux données. Autant que les mots, les données et les chiffres peuvent avoir plusieurs sens.

En Metz dernier, une équipe de l’association Pénombre (espace de réflexions et d’échanges sur l’usage du nombre dans le débat public), Karen Bastien, datajournaliste et cofondatrice de WeDoData, et un professionnel de l’INSEE, Pierre Audibert secrétaire général du CNIS (Conseil national de l’information statistique) se sont réunis autour de Romain Hugon de l’Union des Clubs de la Presse de France et Francophones et de la question suivante : l’info par les chiffres, peut-on compter sur les journalistes ?

Révélation suite au débat, malgré l’expansion du data journalisme, les lecteurs s’aperçoivent peu à peu de ses limites : chiffres sont tronqués, biaisés voire sciemment manipulés. Recours aux chiffres officiels de l’INSEE et prise de distance seraient donc les meilleures armes pour affronter ces manipulations.

Plus esthétique qu’informatif ?

Parmi les réticences à avoir sur le data journalisme, son aspect visuel. Réelle utilité ou simple ornement, ses caractéristiques esthétiques remettent en cause l’utilité même du data journalisme à partir de l’instant où cela viendrait à nuire à la compréhension de l’information. N’oublions pas que là est bien l’intérêt premier du journalisme de données.

 

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.