L’express prend de la hauteur

Même si des milliers de kilomètres les séparent, les ambitions du journal mauricien L’express ne diffèrent pas de celles de ses confrères occidentaux : réussir à passer avec brio le cap du numérique.

Site internet battant des records, forte présence sur les réseaux sociaux, échanges sur le terrain via applications mobiles… l’équipe de L’express a clairement entamé la transition vers le numérique. Le tout dans une mécanique parfaitement huilée… ou presque. La prédominance d’internet ne se fait pas autant ressentir à Maurice que dans d’autres parties du globe. Les pure-players se limitant au site ionnews.mu, la bataille se livre encore sur le papier. L’express a néanmoins choisi d’anticiper : « Nous avons entamé un virage numérique depuis avril 2013 », explique Nad Sivaramen, le directeur des publications du journal. La stratégie s’est avérée payante : lors des dernières élections de décembre, le site internet lexpress.mu a attiré près de 153 000 visiteurs uniques par jour, devenant le site le plus consulté du pays, juste derrière Google et Facebook.

Ce dernier, tout comme Twitter et Youtube, ne sont pas oubliés : « C’est surtout les réseaux sociaux qui ont reformaté la donne médiatique. Ils permettent de réactualiser beaucoup plus vite l’information que l’imprimé et offrent d’autres perspectives : les internautes deviennent des citoyens journalistes », poursuit le directeur.

Le téléphone en ligne de mire

Prochain défi pour le journal ? La vidéo et, surtout, le portage sur téléphone portable, comme l’annonce Loïc Forget, responsable du pôle vidéo de l’express : « C’est toujours la technologie qu’on essaie de pousser de l’avant. Pour la vidéo, il faut être le plus rapide possible, diffuser l’info dans les 30 minutes qui suivent ». Pour cela, les smartphones sont devenus des outils indispensables aux journalistes, qui peuvent ainsi échanger de manière instantanée données, photos et autres scoops, réduisant ainsi les temps d’échanges et les délais de publication sur le net de manière drastique.

« L’internet et le numérique vont prendre une place de plus en plus importante », prédit Nad Sivaramen: « il faudra faire systématiquement une couverture multimédia des évènements, être multitâches », et, à long terme, « basculer les services sur le mobile », la consommation d’informations sur ce support connaissant un développement fulgurant.

Un œil dans le ciel

Le journal a aussi créé l’évènement en octobre dernier, en étant le premier (et pour l’instant le seul) support d’information ayant eu recours aux drones pour illustrer ses reportages. Lundi 13 octobre, en couverture de L’express : deux photos aériennes des meetings politiques de la veille.

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L’objectif: pouvoir proposer une approximation du nombre de participants, souvent exagéré par les dirigeants des partis. C’est le vol d’essai pour les drones, qui deviendront par la suite des outils utilisés fréquemment pour la prise d’images. Ces derniers sont pilotés par quatre jeunes passionnés de modèles réduits. Depuis trois ans, ils ont appris à piloter des drones spécialisés dans des prises d’images aériennes. Ce quatuor, baptisé Flying Freaks, a été engagé par le journal et officie désormais sur la majorité des reportages. Cela offre de nouvelles perspectives à la fois au niveau technique mais également journalistique, en permettant de varier les angles via une couverture visuelle plus large.

Cependant, l’innovation à un coût, et le mot d’ordre pour la direction est clair : réussir le pari de financer cette stratégie numérique. L’investissement dans une société de drones pourrait alors s’avérer lucratif, les images fournies pouvant alors être proposées à l’international. L’express jouit pour le moment de l’exclusivité, mais au vu des nombreuses réactions positives des habitants face aux images ou aux vidéos (comme par exemple la vidéo de l’évènement religieux Maha Shivaratree), la concurrence ne devrait pas tarder à leur emboiter le pas.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.