Facebook roi de l’info ? Bientôt.

image : pixabay.com
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1,4 milliard d’utilisateurs et le géant bleu américain en veut plus. C’est aux sites d’information que Facebook compte arracher quelques lecteurs en hébergeant lui-même des articles de presse. Des négociations sont actuellement en cours avec une demi-douzaine de sites d’information américains. Plus de liens externes sur lesquels cliquer donc, mais une lecture des articles possible directement depuis son fil d’actualité Facebook. La raison évoquée ? Un gain de temps non négligeable pour les lecteurs qui n’auront plus à attendre le chargement et la redirection vers un autre site, celle-ci pouvant prendre jusqu’à 8 secondes. Des raisons commerciales aussi ? On s’en doute. Mais pourquoi les sites d’informations accepteraient-ils ce partenariat et quels seraient les avantages pour Facebook ?

Prenant part aux négociations, c’est le New York Times qui révèle cette information, avec les noms de confrères tels que The Guardian, Buzzfeed ou National Geographic qui eux aussi considèrent sérieusement la proposition de Facebook. Le principe serait simple : ces médias fourniraient certains articles a Facebook qui les hébergerait lui-même. Mais alors, quel intérêt pour les sites d’information « traditionnels » ? Des avantages assez subtils puisque la conséquence première de ce « pacte » serait une baisse de la fréquentation sur leurs sites. Toutefois, la stratégie des médias en question serait de choisir minutieusement les articles à paraître directement sur Facebook pour cibler un public qui ne les suit pas habituellement. Ils pourraient alors espérer, à terme, attirer ces lecteurs directement sur leur propre portail.

Cela représente donc visiblement un intérêt rentable à long terme. Cependant ce dernier semble assez minime comparé aux profits que tirerait Facebook de cette association.  Les lecteurs ayant accès à la totalité de l’article sans passer par un autre site, Facebook les garde plus longtemps sur le sien. Conséquence ? L’affichage d’un nombre plus important de publicités ciblées pour les consommateurs. Il faut rappeler que la publicité est le revenu principal de l’entreprise de Mark Zuckerberg avec plus de 10,9 milliards de dollars de chiffre d’affaire publicitaire estimé pour l’année 2015.

C’est aussi Facebook qui récupèrerait les données relatives aux lecteurs permettant de mieux cibler le contenu publicitaire (habitudes en ligne, fréquence de visite, âge, identité…). Or Facebook serait-il prêt à partager ces informations précieuses avec The Guardian ou The New York Times ? Pas sûr car aucune communication n’a été faite à ce sujet pour l’instant. Enfin, l’éventualité que les lecteurs prennent goût à cette absence d’attente n’est pas à écarter. Et si à terme, les internautes évitaient les sites des médias « traditionnels » trouvant le temps de redirection trop long ? Lorsque l’on considère ces risques, on peut penser que Facebook a tout à y gagner. D’ailleurs certains médias tels que le Huffington Post ou Quartz ont tout de suite refusé l’offre.

Pour l’instant cette nouveauté ne concerne pas les médias français. La version expérimentale devrait voir le jour exclusivement aux États-Unis dans les prochains mois.

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.