La cyber-muraille de Chine

La soirée du 13 novembre à réuni 2,5 millions de personnes devant BFM TV, qui réalisait alors 14 % de parts d’audience. Les attentats ont provoqué un nombre historique de réactions et de commentaires sur les réseaux sociaux : « plus de 10 millions de tweets les premiers jours » selon la société d’analyse du web Linkfluence. Libre de réagir, commenter, partager, le peuple français s’est exprimé sur tous les fronts. On pouvait lire des messages de soutien, des propos racistes, des appels au rassemblement… Pourtant cette liberté n’est pas donnée à tous. Parmi de nombreux autres pays, la Chine s’enfonce silencieusement dans la répression de l’activité des internautes.

Pas de cyber-puissance sans cyber-sécurité

Pas de Twitter, ni de Facebook : en Chine les pages des réseaux sociaux sont verrouillées. Les internautes ont seulement accès à des équivalents chinois comme Weibo ou Renren, étroitement surveillés par le pouvoir.

Capture d'écran - Classement de la liberté de la presse en 2015 RSF
Capture d’écran du classement de la liberté de la presse en 2015 RSF

Un dispositif technologique qu’on appelle « le Grand pare-feu » contrôle les flux d’information. Le système est installé à chaque création de site, et permet de retarder la mise en ligne des contenus. Pendant ce temps, leur provenance est géolocalisée, et le thème ainsi que les mots-clés du contenu sont examinés par des censeurs. En septembre 2013, un lycéen de 16 ans ayant mis en cause la police locale sur son compte Weibo a passé près d’une semaine derrière les barreaux. Aujourd’hui, environ 70 cyber-citoyens sont emprisonnés pour leurs activités sur la toile. Et ce contrôle s’intensifie lors de grands rendez-vous politiques, les autorités craignant la protestation populaire. Parmi ces dissidents, on retrouve Ai WeiWei, victime de persécutions et sous surveillance constante.

Les médias chinois dépendants du parti communiste chinois

La propagande du parti communiste chinois (le seul autorisé) régit la plupart des médias. Le gouvernement leur envoie chaque jour des « directives » indiquant les sujets à éviter ou à mettre en avant. Il interdit, notamment aux journalistes d’« émettre des critiques non autorisées » par le gouvernement. À la tête du bureau d’État de l’information sur internet : le chef adjoint du Département de la communication du parti communiste chinois… Au moins 70 acteurs de l’information en ligne sont emprisonnés pour leurs activités. Parmi eux, le lauréat du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo.

Difficile à croire en France, quand quatre millions de personnes se sont réunies en janvier pour la liberté d’expression. Selon le classement de la liberté de la presse établi par RSF en 2015, la Chine se place au 176e rang mondial sur 180 pays. « Stabilité et harmonie » sont les arguments de la Chine pour justifier la censure qu’elle exerce encore aujourd’hui. Si rien ne semble freiner l’ascension de la réglementation de l’usage d’internet en Chine, le pays est tout de même confronté à l’évolution des outils d’information. Devant le nombre grandissant d’utilisateurs et la difficulté de s’adapter à ces outils, le combat continu contre la censure.

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.