Instant Articles en France : internautes heureux, éditeurs un peu moins

Image Facebook.

 

Instant Articles s’installe en France. L’application, disponible depuis six mois aux États-Unis et développée par Facebook, se présente comme un player permettant d’accéder à des contenus sans quitter la plateforme. Pour faire simple, les articles publiés par les médias sont intégrés au réseau social, avec une expérience de lecture optimisée, et il n’est pas nécessaire d’être redirigé vers un autre site Internet pour les consulter.

Pari gagnant pour les journaux et internautes 

Quelques médias français ont donc sauté le pas le 25 novembre dernier, à l’instar du journal Le Parisien, qui sera bientôt rejoint par 20 Minutes, Paris Match, ou encore Les Échos en janvier 2016. Pour ceux-ci, l’enjeu est de taille : « c’est l’occasion de faire découvrir le contenu d’un journal à des gens qui ne le lisent pas, de toucher les jeunes qui ont une lecture éclatée des titres d’information », explique Francis Morel, PDG du groupe Les Échos, dans une interview accordée à son journal. Une visibilité supplémentaire pour les groupes médiatiques, donc, mais aussi la possibilité de toucher un public résolument jeune et dynamique, potentiellement rebuté par la presse papier.

De leur côté, les lecteurs y trouvent également leur compte. Plus volages sur Internet, les nouveaux consommateurs d’information voient ici une façon plus pratique et ludique de suivre l’actualité. Si l’on ne se fidélise plus autant qu’avant à un journal, force est de constater que la jeune génération est fidèle au réseau social et sera donc plus encline à s’y informer. Regrouper les publications sur la plateforme permet également d’améliorer le confort de lecture des articles, avec des normes typographiques fixes et une feuille de style standardisée et épurée, auxquelles vient s’ajouter un chargement ultra-rapide de l’article.

Les éditeurs de contenus, grands perdants

A l’heure où la fibre et la 4G nous rapprochent toujours plus de l’instantanéité, il n’est pas étonnant que les lecteurs soient séduits par cette formule. Cependant, certains points font tiquer les éditeurs de contenus qui, eux, ont beaucoup à perdre avec l’arrivée de ces diffuseurs.

Tout d’abord, si cette intégration à Facebook permet d’espérer doper le taux de consultation des articles, la lecture qui est effectuée se fait bel et bien chez Facebook. Le problème est donc que l’internaute ne peut pas découvrir les autres contenus proposés par le média, et ne peut pas être redirigé sur des pages connexes.

De plus, le média concerné perd également beaucoup de données en s’installant sur l’application : selon l’entreprise Mind (anciennement Satellinet), Facebook ne communique aux éditeurs que le taux de clics, le temps passé sur l’article et la profondeur du scroll, et ne permet pas d’avoir accès aux données plus personnelles comme les informations sur le profil du lecteur. Enfin, dernière limitation, Facebook restreint l’usage de la publicité sur son application. Si le réseau social autorise les éditeurs à commercialiser eux-mêmes les espaces publicitaires sur Instant Articles, et à garder l’intégralité des revenus associés, il n’est possible de diffuser qu’une publicité statique tous les 500 mots.

Comment cibler et diffuser de la publicité pour un public que l’on ne connaît pas, et avec autant de restrictions ? C’est là tout le problème. La question est maintenant de savoir si, à article égal, un média peut espérer dégager autant de bénéfices sur Instant Articles que sur le web.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.