La data renouvelle le journalisme local

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Logo de Dataspot, nouvelle rubrique du Télégramme.

Le 17 décembre dernier, la rédaction du Télégramme lançait son nouveau service de datajournalisme, Dataspot. La presse quotidienne régionale (PQR) s’approprie de plus en plus cette forme de traitement de l’information, qui pourrait marquer une évolution profonde de la profession à l’échelle locale.

Début novembre de l’an passé, le groupe Centre France, propriétaire de huit titres de PQR, dont La Montagne, lançait une offre d’emploi destinée à un datajournaliste et un responsable de l’engagement (sur les réseaux sociaux notamment). Plus à l’ouest, Le Télégramme, principal concurrent de Ouest France en Bretagne, donne désormais une importance non négligeable au journalisme de données. « La rédaction a mis en place une cellule pilotée par un datajournaliste, assisté par l’équipe infographie, des développeurs et un graphiste web » (offremedia.com) pour donner naissance à la rubrique Dataspot.

L’internaute a donc accès à des articles interactifs créés uniquement à partir de jeux de données « défrichés, déchiffrés, décryptés », pour reprendre la devise de l’équipe. Démocratiser l’utilisation et la mise en forme des données pourrait devenir une réelle tendance en PQR et, pourquoi pas, redonner un coup de jeune à cette partie de la profession souvent délaissée par le jeune lectorat. Ainsi, on peut lister trois raisons principales pour lesquelles le datajournalisme pourrait faire évoluer la presse locale (et inversement).

Plus d’originalité et d’attractivité

En se fondant sur ce nouveau type de matière première que sont les données, le journaliste peut ainsi trouver des angles nouveaux pour traiter les sujets marronniers ou totalement exclusifs. De plus, les articles deviennent interactifs en ligne grâce aux animations qu’il est possible de créer, aux graphiques, etc. Et ces graphiques, ces cartes, peuvent très bien être réutilisés sur les versions papier. Ainsi les rédactions s’adaptent aux nouvelles habitudes de lecture sur le web tout en maintenant leurs lectorats papier.

La fiabilité des sources renforcées

Quand on utilise des bases de données, il y a toujours un risque qu’elles soient biaisées. Même créée par des institutions comme l’Insee, une base de données est le fait d’une ou plusieurs personnes et est donc susceptible de contenir des erreurs. L’avantage du traitement de données locales est là. Le journaliste peut avoir un accès quasi direct aux administrations à l’origine de certaines bases de données et leur demander directement des précisions en cas d’incompréhension. Les relations de terrains peuvent même faciliter l’accès à certaines bases qui ne sont pas forcément faciles d’accès. Et puis, le journaliste peut très bien aller recueillir lui-même les données sur le terrain. Ainsi le temps de travail peut être concentré sur l’analyse des informations plutôt que sur leur recueil.

Regain de crédit de la presse locale

La presse locale, bien que la plus lue, est aussi victime d’une perte de confiance de son lectorat. Le datajournalisme pourrait apporter une nouvelle forme d’investigation d’une part. Et impliquer davantage le lecteur d’autre part, par l’aspect collaboratif pour la production de ce genre de projet (crowdsourcing, collaboration de différents corps de métier). En devenant acteur de l’enquête, le lecteur ne sera que plus enclin à lire le papier et s’intéresser aux autres productions du journal.

Les cas de Dataspot et de Centre France sont assez isolés dans l’Hexagone. La data est encore trop peu exploitée dans les rédactions locales françaises. En comparaison, la PQR européenne a une longueur d’avance.

Pour aller plus loin

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.