Le journal personnalisé version papier pourra bientôt être dans votre boîte aux lettres. Le groupe de presse Sogemedia, basé dans le nord de la France, a lancé le 4 décembre dernier une imprimante capable de tirer des journaux avec un contenu variable selon les préférences des lecteurs. Fini donc le même journal pour tous. Et cela concerne 16 des 20 titres du groupe Sogemedia, parmi lesquels L’Observateur, La Sambre et Le Bonhomme Picard. Mais alors, véritable solution anti-crise de la presse papier ou fausse bonne idée ?
On connaissait « la Matinale du Monde » : téléchargeable gratuitement sur mobile, elle permet de sélectionner les articles que l’utilisateur veut lire, et supprime les autres. Même principe pour le journal personnalisé, mais en version papier cette fois. Le lecteur pourra choisir quatre rubriques sur les huit proposées. Par exemple, si vous n’aimez pas le sport, ces pages ne seront plus dans votre journal. Mieux encore, si les infos de deux zones géographiques différentes et qui paraissent dans deux éditions distinctes vous intéressent, elles pourront apparaître dans votre journal. Et le concept va plus loin : le lecteur peut choisir le contenu publicitaire de son journal. Autre cas : le lecteur peut demander à ce qu’on lui fête son anniversaire en Une du journal. Bref, il s’agit d’une petite révolution dans le monde de la presse.
« Ce qui est dépassé, ce n’est pas le papier ; c’est ce qu’on met dessus », a affirmé Jean-Pierre de Kerraoul, PDG de Sogemedia, cité par le site « Presse et Tablette ». Le problème ne serait donc pas le papier, mais la façon dont sont créés les journaux. Et en effet, le lecteur s’est habitué à sélectionner les articles qui l’intéressent sur les sites d’infos en ligne. Il a donc progressivement individualisé ses goûts, et s’est détourné des infos qui ne font pas partie de ses centres d’intérêt. Mais, concevoir un journal papier personnalisé selon cette idée, c’est oublier que le lecteur s’est aussi habitué à s’informer sur Internet gratuitement, et ce, malgré les sites qui bloquent le contenu de certains articles pour les non-abonnés.
Autre frein : l’individualisation des publicités. Car si ce concept a tout pour plaire aux annonceurs, leurs réclames pourront ne paraître que sur les journaux de lecteurs spécifiques, sélectionnés en amont, ces derniers pourraient, eux, avoir le sentiment d’être suivis à la trace. Une technique anxiogène pour le lecteur, qui pourrait bien être la cause de pertes d’abonnements.
Pour l’heure, l’hebdomadaire L’Observateur se prépare à se lancer dans l’aventure. Sur le site Internet du journal, l’utilisateur peut créer un compte et participer en ligne à la vie du journal. Il peut même devenir testeur du journal personnalisé et contribuer ainsi à l’améliorer. Bref, de quoi remettre le lecteur au centre de la création du journal. Et en attendant, les premiers exemplaires de journaux personnalisés sortiront le 20 janvier avec l’hebdomadaire La Sambre.
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