Enfin une radio francophone au Luxembourg !

Image : LEssentiel.lu
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Le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a lancé la première radio francophone du Grand-Duché le 22 février dernier. Issue du quotidien du même nom, L’Essentiel Radio revendique fièrement sa francophonie. Son slogan, « la langue bleue », prouve son attachement à la langue de Molière. Bien que le français fasse partie des trois langues officielles du Grand-Duché, il aura fallu attendre 2016 pour qu’un tel média voie le jour. La faute à une « francophobie » née au contact des travailleurs frontaliers.

Le Luxembourg reconnaît trois langues officielles : le luxembourgeois, l’allemand et le français. Si celles-ci sont toutes bien représentées au sein de la presse et de la télévision locale, le français brille par son absence sur la bande FM. Bien qu’il existe des émissions francophones sur certaines stations, comme « The Nasty Show » sur Radio ARA, aucune radio n’était jusqu’alors entièrement francophone.

Un comble, lorsqu’on sait qu’une langue comme le portugais est représentée sur les ondes luxembourgeoises, Radio Latina s’adressant à la première immigration au Grand-Duché. Rui Monteiro, consul général du Portugal au Luxembourg, explique : « c’est peut-être un cliché, mais les Portugais exercent pour la plupart des métiers dans la branche du bâtiment, de la restauration et de l’entretien. » Des activités qui donnent à cette immigration un faible pouvoir d’influence sur les sphères politiques et économiques.

À l’inverse, de nombreux frontaliers francophones travaillent dans le milieu bancaire. Au cours des années 90, les étudiants luxembourgeois ont commencé à émigrer vers l’Autriche et l’Allemagne, où les modalités de poursuites d’études s’avèrent moins contraignantes que dans leur pays natal.  La main-d’œuvre qualifiée s’est ainsi faite plus rare et les portes du système bancaire se sont ouvertes aux travailleurs frontaliers français et belges.

Ces frontaliers exercent donc des fonctions importantes sur un territoire où ils ne vivent pas. Ceci déplaît fortement à certains intellectuels, qui perçoivent la francophonie comme une offense à la culture du Grand-Duché. « De nombreux frontaliers travaillent ici depuis presque 30 ans et ne parlent pas un traître mot de luxembourgeois ! » martèle Gaston Vogel, star du barreau local, célèbre pour ses prises de position radicales.

Au sein du petit monde des médias luxembourgeois, il se murmure que ces hommes d’influence ont eu une responsabilité dans le refus adressé à RTL et Radio Nova d’émettre intégralement en français sur le territoire du Grand-Duché. Le succès du quotidien entièrement francophone L’Essentiel a changé la donne. « Empêcher un média qui fonctionne d’étendre son activité serait contre-productif économiquement », souligne Fred*, journaliste à la rédaction d’un magazine local.

De plus, l’arrivée de L’Essentiel et de sa « langue bleue » sur les ondes a suscité des réactions plutôt positives de la part des internautes du Grand-Duché. Beaucoup saluent cet effort de diversité et semblent ravis de pouvoir écouter le flash info en français. La « francophobie » serait-elle devenue un fantasme paranoïaque ?

* Dans un souci d’anonymat, les noms des personnes ont été changés

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