Mashable France, le pure player de la génération connectée ?

capture d'écran Mashable

Lancée mardi dernier en partenariat avec France 24, la version française du pure player Mashable, consacré à l’innovation, la technologie et internet, a pour ambition « d’informer, inspirer, divertir la génération connectée ». Fort de sa portée aux États-Unis, le site tient à s’étendre sur le globe avec une promesse pour la jeune population : renouer avec l’information. L’occasion pour le média public France 24 de suivre cette ambition.

La conquête de la « génération connectée »

Comme l’explique dans son édito Sylvain Attal, directeur adjoint de France 24, se rapprocher d’une audience, c’est s’adapter à sa consommation. Le site est donc adapté aux mobiles, qui sont aujourd’hui le premier support d’information des jeunes. Mais sa première ambition est de se développer grâce aux réseaux sociaux, et notamment Facebook auquel l’utilisateur consacre en moyenne 46 minutes par jour. Ces réseaux sont des lieux où se crée l’information, où la couverture des évènements prend forme au point de devenir une référence pour les autres médias.

Pour Jim Roberts, directeur opérationnel de Mashable, les sujets du site présentent un intérêt pour tous les jeunes du monde. Le site français propose des contenus traduits et adaptés du site américain, des sujets préparés par France 24, et des contenus originaux produits par une équipe de neuf jeunes journalistes. Pour « penser comme la génération connectée », Mashable s’attache surtout à la mise en forme, à l’attractivité des sujets sur la forme comme sur le fond. Le site est un étrange mélange d’information et de divertissement, dans lequel Justin Bieber côtoie « Cancale, capitale des huîtres depuis des siècles », et dont les titres trahissent rarement les sujets. Infotainment et clickbait, la formule est éprouvée.

Mashable, une concurrence déloyale ?

Quelques années après la version française de Slate en 2008, puis du Huffington Post en 2011 et de Buzzfeed en 2013, ce qui était à l’origine un blog de « geek » est devenu un pure player d’envergure. Plusieurs versions étrangères de Mashable ont déjà vu le jour : en Australie, au Royaume-Uni, à Shanghai… l’Europe continentale manquait encore à l’appel. Mais son implantation en France, annoncée en août dernier, n’a pas attiré la sympathie des médias français, qui ont souvent relevé la bizarrerie de l’attelage avec France 24.

France 24 est en effet la propriété de France Médias Monde, donc un média public. Comme le dit Johan Hufnagel, le directeur adjoint de Libération, dans un édito : « voir débouler dans le jeu un entrant qui ne joue pas les mêmes règles que les autres modifie clairement la donne ». Si le financement du projet a été en partie assuré par le fonds Google, le soutien d’un média du secteur public pour l’implantation d’un blog privé ne fait pas bonne impression. Certes la marque n’est pas encore très répandue en Europe, et ne lui garantit pas un rayonnement certain, mais ce partenariat sur fonds publics est un atout dont ses concurrents n’ont pas bénéficié.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.