Crise syndicale à la télévision publique belge

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Mouvement de soutien des salariés de la RTBF. Image Dakota Gizard.

 

Énorme embarras à la RTBF. Depuis de longs mois, la direction du service publique télévisé belge est dans la ligne de mire des syndicats des journalistes. Contrats des piges sans avenir, CDD accumulés à outrance et CDI non renouvelés après les départs à la retraite : la situation est inconfortable, voire tendue. Alors que la direction refuse de s’expliquer, les salariés ont décidé de riposter.

Depuis quelques jours, dans les couloirs de la RTBF à Liège, des dizaines de salariés portent fièrement un drôle de badge. « Touche pas à mon poste ! », dit-il, sans faire référence à la célèbre émission française. Journalistes, cameramans, monteurs, mais aussi réalisateurs et assistants : tous ne sont pas directement touchés par « cette crise des contrats » comme ils l’appellent, mais portent le badge en « signe de soutien aux collègues ».

Au siège de la RTBF, boulevard Reyers à Bruxelles, l’ambiance est plus tendue. La rumeur autour d’un mouvement de grève prochain se répand, une sorte de ras-le-bol général semble s’exprimer. Heureusement, des réunions entre direction et syndicats sont programmées. Jean-Paul Philippot, l’administrateur général de la RTBF, est prêt à s’expliquer.

Des explications attendues

Mais s’expliquer sur quoi ? Sur la crise économique que son entreprise traverse depuis des années ? La RTBF souffre de coupes budgétaires de plus en plus importantes, et pour amortir cette énorme perte d’argent, la direction a pris la décision de mettre au point un plan de réduction de personnel prévu sur plusieurs années. Les départs à la retraite ne sont pas compensés, les CDD ne sont jamais transformés en CDI, et les pigistes restent pigistes. Même certains présentateurs vedettes, âmes des émissions, n’ont pas de contrats et enchaînent les piges. « Nous ne souffrons pas de la précarité, mais du fait d’être tributaire de notre situation, qui est condamnée à rester incertaine et inchangées pendant des années » déplore une journaliste-pigiste.

Charge de travail trop importante

Un autre  problème se pose : s’il y a moins d’employés, la charge de travail reste la même. Elle augmente, même, avec la  nouvelle politique web first du groupe. Or la direction veut encore réduire les effectifs. Dans quelques semaines, les journalistes seront formés à un nouveau logiciel, Numprod 2. Grâce à cette nouvelle version du système de production numérique interne, les journalistes pourront monter des vidéos.

Jusqu’ici, l’entreprise publique faisait appel à des monteurs professionnels… leurs contrats ne seront pas reconduits. Les journalistes devront monter leurs sujets seuls, ce qui engendra une masse de travail toujours plus importante. Pour les syndicats, l’équation est simple : « plus de travail et moins d’employés ? Les cas de surmenages et de bruns out vont donc se multiplier, et il ne faudra pas s’étonner ». Pour le moment, la direction de la RTBF se trouve dans une situation des plus délicates et a bien du mal à s’en sortir. Un écho à celle que traverse France Télévision ?

 

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