Manifestations : quand les journalistes « dérangent » sur le terrain

CC : https://i.ytimg.com/vi/L-71mGKTTRY/hqdefault.jpg
Capture d’écran BFM TV.

 

Les récentes manifestations contre la « loi Travail » en France ont été le théâtre de scènes violentes, notamment à Paris et Nantes. De véritables mêlées dans laquelle on trouve des étudiants et des syndicalistes, les forces de l’ordre bien sûr, mais aussi des photographes et des journalistes. Comment ces derniers doivent-ils se comporter quand ils sont pris pour cible ?

Les journalistes veulent informer, mais se retrouvent parfois en danger. Au cœur des manifestations, ils sont partagés entre le devoir d’informer et la nécessité d’assurer leur propre sécurité. Au milieu de la foule, un homme seul porte ostensiblement une caméra, c’est le journaliste. Allumez-la, et vous créerez peut-être une petite émeute.

Pendant les manifestations contre la loi El Khomri, certains journalistes ont ainsi dû cesser leur activité à cause de réactions hostiles non seulement de la part des manifestants, mais aussi des forces de l’ordre. Taranis News explique que les JRI (journalistes reporters d’image) se retrouvent dans certains cas « à déranger les forces de Police en opération, elles qui préfèrent la discrétion lors de leurs actions musclées. Parfois même ce sont des manifestants qui sont hostiles à leur présence. Et cela ne se passe pas toujours bien ni avec les uns, ni avec les autres. »

Des journalistes agressés à Nantes

À Nantes, le 10 avril dernier, un groupe d’une trentaine de jeunes manifestants a poursuivi et caillassé une dizaine de journalistes pour dérober leur matériel. Bilan : une dent cassée et une caméra endommagée, selon le témoignage de Pierre-Emmanuel Becet à l’AFP. Les risques sont multiples, toujours d’après Taranis News : « destruction d’un matériel très coûteux, blessures corporelles, intoxication chronique aux gaz lacrymogènes, débris de verre, rebonds de projectiles, surdités temporaires… »

De plus, ces violences peuvent même parfois venir des forces de l’ordre qui ne veulent pas être filmées lors de leurs interventions. Pourtant :

Les policiers ne peuvent pas s’opposer à l’enregistrement de leur image lorsqu’ils effectuent une mission. Il est exclu d’interpeller pour cette raison la personne effectuant l’enregistrement, de lui retirer son matériel ou de détruire l’enregistrement ou son support. Ils ne peuvent par ailleurs s’opposer à l’éventuelle diffusion de cet enregistrement que dans certaines circonstances particulières : une telle action exposerait son auteur à des poursuites disciplinaires et judiciaires. (Taranis News)

Certains journalistes portent le sigle « PRESSE » dans le dos, voire même un casque. Mais est-ce que cette identification, semblable à celle des policiers, ne contribue pas à les mettre sur le même plan que les deux camps opposés (forces de l’ordre et parfois certains « casseurs »), et devenir en quelque sorte le « troisième adversaire » ?

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.