Le Cesti : la seule formation universitaire de journalisme au Sénégal… pour l’instant

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Le Cesti est, pour le moment, la seule formation publique au journalisme dispensée au Sénégal. Image Nicolas Certes.

 

Le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) est l’école de journalisme la plus prestigieuse du Sénégal. La seule publique, aussi. Depuis quelques années, elle est concurrencée par une demi-dizaine de formations privées payantes situées, comme elle, à Dakar. Mais l’année prochaine, une nouvelle formation universitaire sera dispensée à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. L’occasion de comprendre ce qui a fait le succès du Cesti.

Difficile de repérer le bâtiment, semblable à tous les autres, au milieu du campus de l’Université Cheikh Anta Diop, dans le quartier de Fann (sur la corniche ouest de Dakar). C’est un édifice tout en longueur, crépi de beige, où trône au-dessus de l’entrée principale, blanc sur fond bleu, le nom de l’école : CESTI.

Elle a été fondée en 1965, et présente la particularité d’être panafricaine. Chaque promotion accueille une trentaine d’étudiants, dont environ 60 % de Sénégalais. Les autres étudiants viennent de Guinée, du Mali, du Bénin et aussi… de France !

« Mais avec l’arrivée des marchands et la libéralisation de l’enseignement supérieur au Sénégal, il y a eu d’autres acteurs qui ont investi le secteur de l’information. […] On se rend compte qu’il y a des écoles de formation de la place qui n’ont pas de studios de radio, de studios de télévision. On peut se poser des questions sur la qualité des ressources humaines qui sont chargées d’encadrer ces étudiants et même sur les contenus qu’ils leur proposent. » — Ibrahima Sarr, directeur du Cesti.

Le directeur vend très bien sa formation, et ce qui est sûr, c’est que le Cesti n’a pas de problèmes au niveau du matériel technique qu’il met à disposition des étudiants. Tout ce matériel a été acheté grâce à différents financements de l’ambassade américaine, de l’UNESCO et d’un don de la banque africaine Ecobank de 30 millions de francs CFA (46 000 €).

Concernant l’intégration de la formation, la sélection se fait sur concours (accompagné d’un test de présélection pour les Sénégalais) et entretien. On recrute au niveau Bac et licence. La première année est un genre de mise à niveau en informatique, certains arrivants n’ayant jamais vu d’ordinateur de leur vie, en Français, et sur les fondamentaux du journalisme. Les deuxième et troisième années sont quasi exclusivement réservées à la pratique.

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Emploi du temps des étudiants en deuxième année au Cesti. Image Nicolas Certes.

 

Les étudiants sortent donc du Cesti diplômés d’une licence professionnelle, à la suite de laquelle ils peuvent intégrer le master de communication s’ils le souhaitent. Dans la profession, c’est pour l’instant l’école la plus prestigieuse, d’où sont sorties les plus grandes plumes du journalisme local.

Mais prestige ne veut malheureusement pas dire emploi. Les étudiants sortants du Cesti coûtent cher, les rédactions devant les payer selon la Convention collective du journalisme, et peine donc parfois à trouver un emploi. Certains se voient proposer des cachets d’à peine 50 000 francs CFA (76 €) ! M. Sarr s’en désole : « il y a eu aussi ce qu’on a appelé les Volontaires de l’information et de la communication (VIC), des gens qui n’avaient aucun statut. Ils étaient payés sans avoir de bulletins de salaire. C’est le Sénégal… »

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.