Telesur va disparaître des écrans argentins

Une nouvelle fois, Mauricio Macri s’attaque au secteur des médias. Le président argentin a en effet annoncé que la chaîne Telesur ne serait plus retransmise dans le pays. Une décision qui a entraîné de très nombreuses réactions.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Telesur, chaîne d’informations créée en en 2005 à l’initiative de l’ancien président vénézuélien, Hugo Chávez, n’émettra plus en Argentine. « L’idée d’une chaîne promouvant la variété de l’Amérique latine était bonne, mais elle a cessé de l’être quand le pluralisme a disparu de l’antenne » explique Hernán Lombardi, ministre des Médias publics. « Certains thèmes comme celui des droits humains ne sont jamais abordés. Nous ne voulons pas être complices de cette politique », a-t-il également ajouté.

Une décision contestée

Alors que l’Argentine possédait entre 14 et 19 % des actions de Telesur, la nouvelle a été particulièrement mal accueillie par la chaîne. « Telesur est la voix du peuple qui, malgré de nombreuses menaces, n’a jamais cessé d’émettre. La vérité ne disparaîtra pas. Telesur ne disparaîtra pas », peut-on notamment lire dans un communiqué. La décision du gouvernement va engendrer une perte potentielle de 28 millions de téléspectateurs argentins. La chaîne était en effet très appréciée dans le pays, contrairement à ce que prétend Hernán Lombardi, qui parle de « faibles audiences ».

Connu pour son franc-parler, Nicolás Maduro, actuel président du Venezuela, n’a pas hésité à comparer l’époque actuelle à celle de la dictature qui a sévi dans le pays : « ceux qui essayent de faire disparaître Telesur sont les mêmes qui ont fait disparaître 30 000 personnes entre 1976 et 1983. C’est la même oligarchie médiatique. » L’association Madres de Plaza de Mayo, très influente en Argentine a également réagi. Dans un communiqué, l’organisation a demandé le maintien de la chaîne, et ce afin de conserver une « diversité de voix dans le pays ». Adolfo Pérez Esquivel, prix Nobel de la Paix en 1980, a quant à lui dénoncé un « acte de censure » de la part du gouvernement.

« Si Telesur n’émet plus en Argentine, des millions d’Argentins y auront accès sur Internet ou par les réseaux sociaux. Mais nous ne partirons pas. »
Nicolás Maduro, président du Venezuela.

Ce divorce entre l’Argentine et Telesur était prévisible depuis l’élection de Mauricio Macri en novembre dernier. Il avait en effet axé une grande partie de son programme électoral sur le démantèlement des politiques kirchneristes, notamment en matière de médias publics. La chaîne avait pourtant été lancée pour être une voix « alternative ». Mais elle est rapidement devenue la porte-parole des gouvernements qui la finançaient, dont celui des époux Kirchner, à la tête de l’Argentine entre 2003 et 2015.

Si Telesur va perdre un très gros marché, elle reste cependant présente à Cuba, en Équateur, en Bolivie, au Nicaragua ou encore en Uruguay. Des pays où la chaîne réalise de très bonnes audiences. Selon les autorités locales, l’arrêt définitif de la retransmission sera effectif dans six mois. D’ici là, il ne serait pas improbable que le paysage médiatique argentin subisse une nouvelle fois des modifications.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.