En Espagne, des licenciements en cascade au sein du groupe Unidad Editorial

Son nom ? ERE. Sa fonction ? Plan social. De l’autre côté des Pyrénées, ce mot est sur toutes les lèvres depuis que le groupe Unidad Editorial, propriétaire d’El Mundo et du quotidien sportif, Marca, a annoncé la suppression de 185 postes dans ses différentes rédactions. Une décision accueillie avec indignation par une grande partie de la profession.

Il paraît déjà loin le temps où El Mundo dépassait régulièrement les 100 000 exemplaires quotidiens vendus. Entre février 2015 et février 2016, les chiffres ont dégringolé de 20 % (77 703 exemplaires vendus aujourd’hui en moyenne) et le journal se retrouve désormais menacé par le monarchiste ABC (72 959 exemplaires) pour conserver le titre officieux de second quotidien espagnol, loin derrière El Pais et ses 126 000 éditions vendues chaque jour. Conséquences ? Des pertes avoisinant les 175 millions d’euros en 2015 pour le groupe Unidad Editorial (filiale du conglomérat italien RCS) et la mise en place, fin décembre, d’une cure d’austérité prévoyant 15 millions d’euros d’économies sur trois ans.

2 200 employés en 2009, 1 433 aujourd’hui

Dernière mesure en date, l’ERE (pour Expediente de Regulación de Empleo), le quatrième plan de licenciement annoncé par la direction en sept ans. Pour rappel, Unidad Editorial comptait 2 200 employés en 2009, contre 1 433 actuellement. Un communiqué publié fin avril par le groupe justifie cette décision comme pouvant permettre « une réduction des coûts et la redéfinition d’un modèle économique rentable et durable destiné à garantir la pérennité du groupe ».

Cette fois-ci, 225 emplois, dont 185 postes en rédactions, sont concernés. À lui seul, El Mundo devrait perdre une centaine de journalistes à Madrid et en régions (Andalousie, Baléares, Pays basque notamment). L’autre titre phare du groupe, Marca, premier quotidien sportif de la péninsule, pourrait voir sa rédaction amputée de 24 personnes, 19 autres pour sa déclinaison radiophonique, Radio Marca. 16 emplois sont menacés au sein du quotidien économique Expansión ainsi qu’une trentaine dans différentes revues spécialisées selon le comité d’entreprise. Une première grève de 24 h a éclaté le 3 mai dernier dans les locaux de Radio Marca et d’El Mundo, empêchant la parution du quotidien ce jour-là.

Les directeurs de Marca et El Mundo évincés

Parmi les principaux dommages collatéraux, on retient l’éviction des directeurs éditoriaux des deux principaux quotidiens : Santiago Segurola à la tête de Marca depuis 2007, et David Jimenez à celle d’El Mundo depuis mai 2015. Le remplaçant intérimaire de ce dernier, Pedro Garcia Cuartango, est le quatrième à occuper ce poste en trois ans. Après les départs successifs de Pedro J. Ramirez, figure historique du journal partie fonder le site El Español ; et de Casimiro Garcia-Abadillo auquel Jiménez avait succédé pour mener à bien la transition numérique du quotidien.

Le départ de Santiago Segurola a suscité par ailleurs une levée de boucliers sur les réseaux sociaux de la part de plusieurs journalistes sportifs rendant hommage à l’ex-directeur de Marca.

« Le meilleur chroniqueur sportif d’Espagne » pour le journaliste d’El Pais, Diego Torres Romano.

Alors que Paloma del Rio, célèbre voix des évènements sportifs sur les chaînes du groupe audiovisuel public TVE, se demande « où va Marca » avec ce licenciement. « Pas de bon augure » pour le quotidien selon elle.

 

 

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.