LeTemps.ch distingué pour sa politique numérique

Capture d’écran de l’un des derniers grands formats numériques sur LeTemps.ch.

L’Écho classait récemment Le Temps.ch parmi les sept médias qui agissent le plus pour le journalisme de demain. Son secret ? Remettre les longs formats au gout du jour et raviver la curiosité du lecteur sur des sujets oubliés.

Voilà bientôt deux ans que le site d’information suisse LeTemps.ch a fait peau neuve. Au programme, des galeries photo en immersion et des enquêtes interactives. Pour les consulter, rien de plus simple : en un clic, on passe d’un élément visuel à un autre. Un mouvement de souris et une animation se lance, comme on peut le voir sur l’animation ci-dessous, issue d’une enquête sur le fioul.

Exemple d’animation pour les enquêtes interactives de LeTemps.ch.

Ces idées, c’est Jean Abbiateci qui les a importées. Arrivé il y a un peu plus d’un an au sein de l’équipe, il est désormais rédacteur en chef adjoint au numérique pour LeTemps.ch. Il confie dans l’émission l’« Atelier des médias » avoir constaté qu’il existe « de très belles rédactions, très expertes, mais qui manquent de souplesse dans la façon d’appréhender un environnement informationnel qui est en mutation ». Pour remédier à ce problème, il a mis au point une recette qui a fait ses preuves ailleurs : prenez un journaliste, adjoignez-lui un graphiste et un développeur, vous obtiendrez un site d’information renouvelé.

Et le papier alors ?

Attention, il n’est pas question d’oublier le savoir-faire du print, le format papier d’un quotidien, mais plutôt de pousser les journalistes à penser au web. « Maintenant, on voit des gens qui partent en reportage et qui pensent d’abord aux longs formats avant de penser au rendu print » raconte Gaël Hurlimann, rédacteur en chef au numérique pour LeTemps.ch.

Plutôt que de s’en tenir à une simple transposition d’un article papier sur le web, LeTemps.ch propose ainsi de l’étoffer afin de proposer aux lecteurs des contenus complémentaires, quoique différents. Le concept semble plaire si l’on en croit les statistiques. « On a maintenant des gens qui restent huit à dix fois plus que sur un autre contenu classique » livre Gaël Hurlimann. L’avenir des longs formats semble donc assuré.

Une politique d’innovation qui va trop loin ?

En plein essor, la rédaction de LeTemps.ch a lancé en janvier 2017 le projet Zombie. Le but : reproposer aux lecteurs des sujets déjà publiés et en lien avec l’actualité du moment. L’outil surveille les réseaux sociaux et utilise un algorithme qui analyse les statistiques d’audience du site et le contenu du nouvel article. Google finance même le projet et lui a alloué 45 000 euros dans le cadre du prestigieux fond « Digital News Initiative ». Pourtant, n’est-il pas risqué de laisser un algorithme décider de ce qui peut intéresser les lecteurs ? Des dérives pourraient en effet pousser les rédactions à ne traiter que de sujets en rapport avec ce qui a déjà eu du succès, et à rétrécir les horizons des lecteurs en assurant les ouvrir.

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Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.