Belgique : l’agression de Naithy Nelson occultée par les médias

Image Méline Sahiri.

Attaqué au couteau par un chauffeur de bus blanc, Naithy Nelson est accusé dans un premier temps de l’agression. Pourquoi le cas de cet adolescent noir de 16 ans a-t-il été quasiment invisible dans les médias belges ? Certaines voix n’hésitent pas à parler de « négrophobie ».

2 février, la France est secouée par « l’affaire Théo » : à l’issue de son interpellation à Aulnay-sous-Bois, un éducateur de 22 ans, est hospitalisé pour une plaie de 10 cm du canal anal. La veille, un adolescent de 16 ans est suspecté dans une affaire d’agression à l’arme blanche… dont il est la victime. La scène se passe à Grimbergen, en Belgique, mais les médias belges s’en font peu l’écho, alors qu’ils commentent largement le cas de Théodore L..

Le 3 février, soit déjà deux jours après l’incident, la DH réagit, et publie une enquête aboutie, présentant l’attaque au couteau subie par Naithy Nelson, en croisant divers témoignages. Dans les jours qui suivent les faits, c’est à peu près tout. Aucun autre journal ou site d’information sur internet ne daigne le mentionner. Dès lors, une question légitime se pose : pour quelle raison ce fait divers n’apparait-il pas dans les autres médias ? Est-ce une question de choix éditorial, un oubli involontaire, ou bien un réel désintérêt lorsqu’une agression concerne une personne à la couleur de peau noire ?

Il est difficile de trancher. On peut toutefois remarquer que les faits divers concernant les attaques contre les bus et leurs conducteurs sont régulièrement traités par les journaux et les sites internet d’information belges. Ici, non. Pourtant, l’information est « originale », bien que cruelle, puisque la victime a longtemps été suspectée d’être l’auteur du coup de couteau. Une histoire dont les rubriques « faits divers » raffolent habituellement.

Devant une telle inaction, Mireille-Tsheusi Robert, présidente de Bamko (Comité féminin et afrodescendant de veille antiraciste) déplore : « les médias belges parlent des violences raciales aux USA, en France (c’est déjà bien) mais pas grand-chose sur la situation en Belgique. Nous ne sommes pas représentés lors des débats télévisuels qui servent, bien souvent, à disculper les agresseurs… ». Certains sites partisans, comme Investigaction.net, vont encore plus loin dans l’interprétation. Olivier Mukuna décrit une « indifférence médiatique quasi totale, aussi ahurissante que méprisante, emblématique de la féroce négrophobie structurelle belge ».

La page Facebook « Justice pour Naithy », lancée le 11 février, jour de la première manifestation, aura eu le mérite de secouer le cocotier. Depuis, 7sur7.be ou encore rtl.be, ont relayé quelques dépêches de l’agence Belga traitant de l’évolution du dossier, quoique timidement. Une chose est sure : en Belgique, ce traitement sélectif de l’information intrigue. D’ailleurs, L’Express.fr a évoqué le cas de Naithy Nelson ce même 11 février, alors que la branche belge (Le Vif-L’Express), est restée muette. Difficile d’y trouver une logique…

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Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.