Suisse : dans les coulisses de la redevance

La disparition de L’Hebdo, les licenciements au Temps et la récente initiative « No-Billag » sont autant de raisons qui ont remis sur le devant de la scène la question du financement des médias en Suisse. Pour comprendre le paysage médiatique helvétique, un élément central est à prendre en considération : la redevance.

Prévue par la Confédération à destination de la Société suisse de radiodiffusion et télévision (la SRG SSR), la redevance de réception doit être payée par quiconque réside en Suisse et possède un moyen de regarder ou d’écouter des programmes. Son montant, fixé par le Conseil Fédéral, s’élevait en 2015 à 451,10 francs. Quant à son fonctionnement, il est défini par la « loi sur la radio et la télévision », révisée en 2015. Et le fait de ne pas regarder la télévision ou d’utiliser une connexion internet pour écouter la radio n’est pas un motif de dispense.

Une redevance, mais pourquoi ?

Sur le papier, le but de cette taxe est assez simple. Elle permet au groupe audiovisuel public suisse de produire et de diffuser des programmes de qualité comparable sur l’ensemble du territoire et, surtout, dans les quatre langues officielles du pays (le romanche, le Suisse allemand, le français, et l’italien). Ainsi, la SSR honore le mandat qui lui a été délivré par le Conseil fédéral, et permet notamment à toute la Suisse d’avoir accès à des événements culturels et sportifs sans avoir à payer de supplément.

À noter toutefois que la redevance, bien qu’importante, n’est pas le seul financement que reçoit le groupe. Il bénéficie aussi de fonds par la publicité et diverses opérations de sponsoring, qui représentent 25 % de ses recettes. Ce qui n’est pas sans susciter des commentaires.

Une petite part de cette redevance est aussi attribuée à quelques radios et télévisions privées, selon certaines conditions. Enfin, elle sert à la gestion de frais divers comme les frais de gestion de fréquence ou de perception de la redevance. L’encaissement est en effet géré depuis 1998 par l’entreprise fribourgeoise Billag, officiant elle aussi sur mandat de la Confédération.

Un avenir compliqué

Toutefois, la situation pourrait changer, notamment en raison de l’initiative « No Billag », récemment rejetée par le Conseil des États. Cette initiative, lancée par les sections jeunes des partis UDC et PLR (partis de droite), a pour but de mettre un terme à la redevance. Une idée tour à tour qualifiée d’« irresponsable » par Géraldine Savary du PS, ou de « destruction culturelle » par ses divers détracteurs.

Le récent choix du gouvernement pourrait lui aussi influer sur l’avenir de la redevance telle qu’on la connaît. Il a en effet décidé, à la suite d’une procédure d’appel d’offres public déposée en 2016, de proposer le prochain mandat de gestion de la redevance à la société zurichoise Serafe, laissant donc Billag et ses 250 employés sur le carreau.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.