La représentation des Maoris dans les médias néo-zélandais

La Nouvelle-Zélande regroupe depuis des siècles deux cultures à l’identité forte mais au traitement médiatique inégal. En effet, la presse semble refléter les disparités que l’on peut trouver dans la société entre Néo-zélandais issus de la colonisation britannique et le peuple maori. 

Depuis la signature du Traité de Waitangi en 1840, où l’empire britannique fait de la Nouvelle-Zélande l’une de ses colonies, le pays connait un biculturalisme fort. La scission entre Maoris et Pakeha (Néo-zélandais non Maoris) se ressent encore aujourd’hui, y compris dans les médias. Malgré les efforts pour intégrer les Maoris au sein des préoccupations médiatiques, les stéréotypes et le manque de traitement persistent. La Nouvelle-Zélande a mis en place une politique de reconnaissance qui valorise le peuple et la culture maoris, mais le chemin semble encore long.

Maori are less represented in NZ media

Les médias entretiennent une relation complexe avec les Maoris qui, à première vue, n’étaient pas forcément familiers avec ce mode de communication venue tout droit de l’occident. La tradition orale maorie a été supplantée par l’écrit lors de la colonisation. Aujourd’hui, l’accès aux nouveaux médias concerne principalement les Pakehas qui en ont une utilisation plus régulière. Cependant le peuple maori est en pleine transition sur la manière de communiquer, ce qui permet de compléter le contenu des médias mainstream qui parfois manquent de connaissance vis-à-vis de cette partie de la population.

Le traitement médiatique des médias mainstream

Le racisme envers les Maoris reste indéniablement présent en Nouvelle-Zélande, comme le soulignait il y a peu le réalisateur Taika Waititi. Les médias mainstream participent en partie à créer des stéréotypes sur le peuple maori déjà en marge de la société. Les clichés qui en ressortent en général concernent la fainéantise, la pauvreté mais aussi l’agressivité, la relation avec la drogue et la violence. On pouvait par exemple lire « Dix délinquants à haut risque de Rotorua ciblés dans un nouveau programme basé sur les Maoris » le 13 avril chez NZ Herald ou encore  « le taux de jeunes fumeurs n’a jamais été aussi bas, sauf chez les Maoris où il reste deux fois plus élevé » le 27 mars, toujours chez NZ Herald.

On remarque cependant que les mainstream tentent de mettre de plus en plus en avant les Maoris, malgré quelques maladresses. On notera, toujours chez NZ Herald que le traitement médiatique s’empare peu à peu des conditions des Maoris comme par exemple « une cliente déclare qu’elle n’a pas été autorisée à essayer une bague à cause de son ethnie » ou encore « Northcote Notebook de Simon Wilson : les jeunes hommes maoris en avant ». Le problème semble être le manque de compréhension et le manque de représentativité du peuple maori. Les lecteurs ont donc tendance à généraliser le peu d’information qu’ils reçoivent. Afin de leur donner une autre image, une presse spécialisée et mettant en avant les maoris a émergé.

Les médias maoris

Avec les années et pour palier ce manque de représentation, les médias maoris ont commencé à faire leur apparition. Les questions sont abordées avec un point de vue propre à la culture pacifique. Les publications maories sont spécifiquement ciblées, et même si les tirages ne sont peut-être pas aussi importants que les titres grands publics, ils circulent bien dans les familles maories avec un taux de transmission exceptionnellement élevé.

Parmi les compagnies spécialisées, on retrouve Mana Maori Media Ltd et Mana Productions Ltd, sociétés privées dirigées par Derek Tini Fox. Lancées en 1989, elles répondent à un manque d’engagement des médias traditionnels et d’expertise dans la fourniture d’une couverture adéquate des activités, des intérêts, de l’éducation et des affaires maories.

Mana magazine

Le but principal de ce groupe médiatique est de donner facilement accès à une source spécialisée et impliquée dans l’actualité maorie. A travers la radio, la télévision et le web, le groupe tente aussi de toucher une cible plus large et ainsi ouvrir la culture maorie à toute la Nouvelle-Zélande. Mana Maori Media Ltd fournit notamment des programmes pour Radio New Zealand. En 2010, le groupe a réussi à obtenir le contrat pour produire le magazine Kokiri au nom de Te Puni Kokiri. Mana a géré la production de ce magazine de 48 pages pendant deux ans et demi, avec un tirage de 25 000 exemplaires par numéro.

D’autres médias maoris existent également tels que Pīpīwharauroa (Gisborne), Te Karaka (Christchurch), SPASIFIK, Auckland ou encore Maori Television lancé en 2004.

Les médias néo-zélandais représentent donc bien le biculturalisme présent en Nouvelle-Zélande et la complexité qui s’en dégage. Il s’agit alors de diversifier le paysage ainsi que le traitement médiatiques pour offrir aux Maoris une plus large représentation, qui se détache peu à peu des stéréotypes.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.