La presse en Pologne n’est que « partiellement libre »

Si l’on en croit le classement de Reporters sans frontières, la liberté de la presse en Pologne ne cesse de diminuer. Désormais 58ème dans le classement des pays les plus libres, la Pologne était 54ème en 2017, un recul de la liberté de la presse qui s’explique par l’arrivée du Parti Droit et Justice (PiS) au gouvernement, en 2015. Cela rend la presse non plus « libre », mais « partiellement libre ».

 

En octobre 2015, il a fallu moins de deux moisau PiS (Parti droit et justice) à la tête du gouvernement, pour s’attaquer aux médias. D’emblée, le parti a pris le pouvoir des médias publics qu’il a transformé en médias nationaux. Il n’a pas hésité à supprimer des postes et remercier plus de 200 journalistes afin d’arriver à ses fins. Et justement l’enjeu était de ne plus avoir de médias qui iraient à l’encontre du gouvernement. C’est ainsi que l’information en Pologne est désormais unilatérale : à l’éloge du pouvoir et diabolisant l’opposition et ce, quel que soit le canal de transmission : journaux, radio ou encore télévision.

Tandis que les médias publics ont été repris et rendus « nationaux » par le gouvernement, les médias privés, de leur côté, n’ont pas été en reste : alors qu’ils sont majoritairement dirigés par des propriétaires allemands, le PiS met en avant l’idée selon laquelle ces médias servent à mettre en avant les idées du gouvernement allemand et ainsi, les journalistes polonais travaillant pour ces médias attaqueraient leur gouvernement via les informations qu’ils diffusent, sous un ordre venu de la partie allemande.

En somme, le gouvernement polonais, depuis son élection, tente d’imposer sa vision nationaliste du pays, xénophobe et réactionnaire. Il tente également de réduire à néant les partis adverses : donc éliminer le contre-pouvoir. Depuis son arrivée au pouvoir, le PiS ne laisse en aucun cas les journalistes tranquilles : ils ont été plusieurs à avoir des ennuis à la suite de prises de position ou d’enquêtes allant à l’encontre des idées du gouvernement. C’est le cas par exemple du journaliste Tomasz Piatek, auteur du livre nommé « Macierewicz et ses secrets », récompensé l’an passé. Il y dénonce, entre autres, les liens du ministre polonais avec les services de renseignements russes. Surveillé, il n’est pas le seul journaliste à être sur écoute ou dont l’appartement a été visité par des forces de l’ordre.

Selon lui, c’est la méthode adoptée par le gouvernement : faire peur aux journalistes et également bloggeurs. Tomasz Piatek n’a d’ailleurs pas été le seul à en faire les frais. Wojciech Bojanowski, journaliste pour la chaine de télévision TVN24, a révélé en mai 2017 que la police avait fait usage d’un taser à plusieurs reprises envers un jeune homme dans un poste de police, provoquant sa mort. Tandis qu’à ce jour, aucune condamnation n’a été observée à l’encontre des policiers, le journaliste quant à lui a dû se rendre au tribunal. Ses proches ont été également interrogés.

En ayant révélé ces méthodes douteuses et inacceptables au sein de la police, le journaliste s’est vu décerner le prix le plus gratifiant pour un journaliste en Pologne. Serait-ce une marque de soutien de ses collègues journalistes ? Ce sont eux qui votent tout au long de l’année pour les différents vainqueurs.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.