Vue aérienne d'une forêt en Europe centrale, traversée par une route.

Forêt européenne vue du ciel.

La protection des forêts, au coeur des préoccupations européennes

En 2021, la Commission européenne a établi une nouvelle stratégie pour ses surfaces forestières. D’ici 2030, la directive oriente les États-membres vers une meilleure gestion de leurs forêts et prescrit des objectifs climatiques. Entre volonté européenne pour leur préservation, nécessaire pour lutter contre le changement climatique, réalités économiques et difficultés de gestion, des dissonances apparaissent.

Réservoirs de biodiversité, les forêts européennes abritent une variété de 6 000 espèces animales pour 100 hectares. Elles agissent aussi comme de véritables puits de carbone en stockant 20 à 50 fois plus de CO2 que les autres écosystèmes, comme les océans ou les sols. Si les conditions sont réunies, les forêts permettent le refroidissement de l’air de 2 à 8 degrés et participent au cycle de l’eau grâce à l’évapotranspiration. Face aux enjeux climatiques et environnementaux, les forêts constituent une des principales ressources. L’Union Européenne s’est emparée de ces problématiques et propose de nouvelles stratégies sur lesquelles s’alignent les États-membres. Une politique forestière commune étant absente à l’échelle européenne, la gestion des forêts reste une compétence nationale.

La ligne de crête européenne de protection des forêts

À l’horizon 2030, l’Union Européenne projette de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 %. Pour se faire, elle compte sur sa couverture forestière qui lui permet d’ores-et-déjà de capter 7 % de ses émissions par an. Cet objectif s’inscrit dans une stratégie pour les forêts et le secteur forestier, initiée d’abord en 2013, et intégrée depuis 2020 au Pacte Vert qui fait des espaces forestiers un des principaux leviers contre le changement climatique. La France, quatrième pays européen avec la plus vaste superficie de forêt, s’est elle-même emparée de cette directive et a proposé un « régime-cadre sur les aides au développement de la sylviculture », validé par la Commission Européenne le 4 janvier 2024. Celui-ci vise à adapter les forêts au changement climatique. 

En 2020, la Suède, la Finlande, la France, l’Allemagne et l’Espagne se distinguent des autres pays européens puisqu'ils possèdent les quatre plus grandes surfaces forestières en Europe. À titre d’exemple, en Finlande, les forêts couvrent près de 73,7% du territoire total. En France, cela correspond à 17 523 milliers d’hectares soit 31,5% de la superficie du pays. Ainsi, les enjeux de gestion des forêts européennes dans ces pays sont décisifs. 

Dans l’Union Européenne, si 40 % des forêts sont publiques et gérées par les États et les collectivités, 3 % seulement sont protégées en 2023. Bien que l’Allemagne protégeait 81 % de ses espaces forestiers en 2015, la Suède, où les forêts recouvraient pourtant 68,7 % du territoire, n'en sauvegardait que 8 % de celles-ci. En effet, des facteurs économiques, notamment, entrent eux aussi en jeu.

Les propriétés privées, une embûche à la protection des forêts

Sauf dans le cas allemand, les coupes d’arbres réalisées en 2020 par des propriétaires privés excédaient largement les coupes réalisées par l'Espagne, la France, la Suède et leurs collectivités. La Finlande n'a pas communiqué ses chiffres. La gestion et l'abattage des arbres échappent ainsi à la stratégie d'aménagement et de sauvegarde. Ainsi, les forêts privées inférieures à 25 hectares ne peuvent pas être placées sous la protection et les législatures nationales. Selon le Centre national de la propriété forestière (CNPF), ils sont 50 000 propriétaires à détenir des superficies de plus de 25 hectares et ils assurent trois quarts de la commercialisation de bois à des professionnels comme des scieries. Les intérêts particuliers des propriétaires privés compliquent donc la gestion des forêts européennes.

De plus, le prélèvement d'arbres présente un enjeu économique important. En 2020, les rendements liés à la sylviculture dans ces cinq pays représentaient près de 3 milliards d'euros. Certains bois détenus par des organismes publics sont vendus à des entreprises à des fins de commercialisation. En France, 80 % des chênes mis sur le marché par l'Office National des Forêts en 2020 étaient pourtant protégés selon WWF.

Ainsi, à l'image du Conseil économique, social et environnemental en France, plusieurs organismes s'interrogent pour développer une sylviculture plus durable, qui s'inscrirait dans la lignée des volontés européennes.

Écrit par Laura Petit et Camille Tribout.

Auteur

Horizons Médiatiques

Le monde raconté par les étudiant·es du Master Nouvelles Pratiques Journalistiques de l'Université Lumière Lyon 2.