La Fondation Jean Jaurès et ses collaborateurs publient ce mercredi 27 octobre, un dossier de plusieurs articles qui analysent l’électorat, l’image et la stratégie politique de l’idéologue d’extrême droite dont les intentions de candidatures ne font plus doute.
Ses multiples invitations aux débats, ses meetings sous couverture de conférences et ses essais programmatiques ne laissent que peu de place au suspense entretenu quant aux intentions politiques d’Éric Zemmour. Crédité de 16% d’intentions de vote, les français n’attendent plus sa candidature, seulement sur le papier. Ce mercredi 27 octobre, la Fondation politique française Jean Jaurès, publie un rapport de 40 pages sur la stratégie, l’image et l’électorat du « potentiel » candidat aux présidentielles. Un carrefour analytique où chercheurs et experts mesurent « la secousse Zemmour » par l’examen des fondamentaux stratégiques et idéologiques sur lesquels s’érige le polémiste. À la lumière des données électorales récoltées par Ipssos Sopra-Steria, le rapport s’appuie sur l’étude de 16.000 électeurs potentiels, soit seize fois plus qu’un sondage d’intentions de vote classique oscillant entre 1000 et 1500 sondés. Selon Gilles Finchelstein, directeur de la fondation, l’intérêt d’un tel dossier réside d’en le fait qu’ « il est aujourd’hui indispensable de prendre la percée d’Éric Zemmour au sérieux, c’est-à-dire de la comprendre pour mieux la combattre ».
« Eric Zemmour invente un nouveau style de campagne – celui de la campagne à mort »
Loin du consensus habituellement brandi par les candidats, Eric Zemmour façonne les caractéristiques inquiétantes d’une campagne inédite. Une campagne que Raphael Llorca, doctorant en philosophie du langage et rédacteur du rapport, qualifie de « campagne à mort ». Opposition à toutes formes de compromis, violence verbale exacerbée et violence des images, tels sont les ingrédients de cette entrée sur la scène politique. Là où le conflit et la radicalité semblent être la voie pour l’emporter. Raphael Llorca l’explique: « Il (Eric Zemmour) cherche à mobiliser les marges les plus radicales, (les 30,7% de Français aux idées radicales) pour entraîner le basculement en sa faveur du ventre mou de la société ( les 46,9% de Français aux idées ni modérées, ni radicales) ».
Netflix, la nouvelle formule du récit politique
Si certains de ses concurrents sont restés à l’ère TF1, rythmée entre conférences de presse au Figaro et JT de 20h, Eric Zemmour, quant à lui, se distinguerait à travers les codes narratifs d’un personnage de série Netflix. Ce que les chercheurs du rapport appellent « L’ère Netflix ». Une ère où spectacle et personnage régissent les rapports sociaux et les récits politiques. Une ère où l’impératif premier est d’attirer l’attention. Zemmour l’a bien compris et détient tous les codes qui le pousse sur le devant de la scène médiatique. « Les citoyens vivent les hommes publics comme des personnages de feuilleton » cite Raphael Llorca dans son analyse. Rythme continu, rebondissements, il tient le rôle de ce que Llorca définit comme celui « du dynamiteur », apte par sa fonction narrative de transgresser tous les interdits et de mettre en débat les « non-dits ». Il ajoute : « Eric Zemmour est capable, dans une même émission, à l’intérieur d’un même discours d’alterner des passages didactiques au cours desquels il disserte sur l’histoire de France, et des passages de clash où il lâche un propos qui fera polémique ». Notons aussi ses nombreux jeux de scènes, tantôt braquant une arme sur un journaliste tantôt dévoilant une femme dans la rue. Voilà de quoi faire sensation. Du moins chez les français jadis ennuyés du scénario politique déjà écrit.
Un électorat pluriel et déterminé
Éric Zemmour parvient à rassembler plusieurs catégories de la population. Il réalise des scores « relativement proches quel que soit l’âge des électeurs, de 13 % chez les moins de trente-cinq ans à 17 % chez les plus de soixante ans » souligne la Fondation Jean Jaurès. Son électorat semble bien déterminé. Pour l’Ifop, 64% des électeurs d’Éric Zemmour se disent sûrs de leurs choix. La Fondation Jean-Jaurès affirme que « 57 % de ses électeurs pensent qu’il sera qualifié pour le second tour et élu » et que « 83 % d’entre eux estiment qu’il a l’étoffe d’un président de la République ». Si son taux d’adhésion est particulièrement fort, pour 70% des Français (hors de ses électeurs) , Éric Zemmour n’a pas l’étoffe d’un président de la République et 71% pensent qu’il ne donne pas une bonne image de la France à l’international. De quoi souffler ? Pas vraiment. Comme le soutient Garcia Llorca, « la secousse Zemmour » laissera des traces: sur le ton de la campagne, sur le positionnement des autres candidats et peut-être sur la façon même de faire de la politique à l’avenir ».
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