Ancienne journaliste au Bondy Blog, Anissa Rami est engagée pour une meilleure représentation des quartiers populaires dans les médias. Membre de l’Association des Journalistes Antiracistes et Racisé.e.s (AJAR), elle lutte contre ces biais racistes à travers les réseaux sociaux.
Portrait.
A 10 jours de la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, Anissa Rami revient sur la médiatisation des quartiers populaires. « On a créé l’AJAR le 21 mars 2022, c’était justement pour faire écho à cette journée », explique-t-elle. Membre de l’Association des Journalistes Antiracistes et Racisé.e.s, cette organisation est née d’une nécessité de diversifier les profils au sein des rédactions et de lutter contre les biais racistes dans les médias. Selon la journaliste, le combat ne se limite pas aux médias controversés de « l’empire Bolloré » mais également à ceux qui se revendiquent progressistes. « Si CNEWS a ce poids là, c’est que les grands médias n’ont pas fait leur travail. », déplore-t-elle. « On veut montrer que les journalistes ne sont pas neutres. Ils parlent au travers de leurs expériences et de leur existence. »
« On passe souvent à côté du vrai problème »
Elle-même touchée par cette lutte, la jeune journaliste évolue en ayant conscience des enjeux raciaux qui existent au sein de l’univers médiatique. Anissa Rami a suivi un master de science politique spécialisé sur la diversité, les discriminations et les représentations. Elle avance sans cocher la case « école de journalisme ». En 2020, elle intègre le Bondy Blog qu’elle considère comme son expérience la plus marquante. Créé en 2005 en réaction au traitement médiatique des révoltes de Clichy-sous-Bois, le média a cherché à mettre en lumière la réalité des quartiers défavorisés. Pourtant, 20 ans plus tard, elle dresse le même constat : « Quand il s’agit des violences policières, la drogue et le passif de la victime sont toujours mis en avant » dit-elle avec lassitude, « On passe souvent à côté du vrai problème ».
Sensibiliser les jeunes grâce aux réseaux sociaux
Malgré tout, Anissa Rami garde espoir qu’un jour les choses changent. Elle remarque une prise de conscience du côté des jeunes, soucieux de recevoir et de transmettre des informations fiables sur ces quartiers. « On a de plus en plus d’étudiants qui nous contactent pour qu’on vienne faire de l’éducation aux médias », témoigne-t-elle. Affectée au pôle « réseaux sociaux » de l’AJAR, elle reste elle-même très présente sur Instagram, TikTok ou Threads. Ces plateformes lui permettent de sensibiliser et d’éduquer le jeune public sur les questions de discrimination raciale. Elle croit en cette nouvelle génération de journalistes, qui, elle l’espère, dresseront une image plus fidèle des quartiers défavorisés.
Céline Abi Aad, Louison Lecourt, Lassina Yao.
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