À l’occasion du mois d’octobre rose, Véronique Commare raconte son histoire. À 36 ans, cette ancienne secrétaire médicale a été diagnostiquée d’un cancer du sein, quelques mois après avoir accouché. Retour sur le parcours du combattant, auquel Véronique a survécu avec panache.
Face à une maladie qui tue 12 600 personnes en 2021, on s’attend à rencontrer quelqu’un qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Mais Véronique rompt le sort dès le départ. Bien dans ses bottes et dans sa peau, à 42 ans elle revient sur sa bataille contre le cancer du sein. Aujourd’hui, Véronique incarne une femme en forme, de beaux cheveux châtains, des yeux rieurs et le sourire de ceux qui ont survécu à de grandes épreuves. Les mains autour d’un café, elle ouvre la discussion sans tabou.
La douche froide
Lyonnaise de souche, elle déménage en 2014 à Singapour pour le travail de son mari Nicolas, directeur général de Colibri. En 2017, Véronique accouche de leur petite fille : Pénélope. « En février, j’ai tenté d’allaiter, mais j’ai découvert un kyste sur mon sein gauche », raconte l’ancienne secrétaire médicale. Sans s’alerter, Véronique se rend chez sa gynécologue, qui après une palpation ne déclare rien d’alarmant. Les mois passent, jusqu’au 31 décembre 2017 où elle sent une grosseur au même endroit. « J’avais un petit doute, parce que j’ai essayé de décaler le rendez-vous avec ma gynécologue, elle a refusé et m’a conseillé de venir avec mon mari », confie Véronique. Trois mois et un rendez-vous plus tard, c’est la douche froide. Une tumeur de 4 cm s’est logée près de son aisselle.
« Après l’annonce, mon cerveau s’est directement mis en mode guerrière »
L’annonce de la maladie n’anéantit pas Véronique, au contraire elle s’arme de courage pour traverser coûte que coûte ce parcours du combattant. « Après l’annonce, mon cerveau s’est directement mis en mode guerrière », décrit-elle les yeux pétillants. Le 16 avril 2018, la première séance de chimiothérapie enclenche les rouages d’un parcours considérable vers la guérison : une fois par semaine, une séance de chimiothérapie pendant douze semaines. Ainsi qu’une séance de thérapie ciblée, tous les quinze jours. En octobre 2018, deux opérations pour extraire la tumeur. Suivies, en décembre 2018, par sept semaines de radiothérapie. De mars à octobre 2019, de nouvelles séances de chimiothérapie toutes les trois semaines. Et entre deux, une croix sur un deuxième enfant, des piqûres pour déclencher une ménopause artificielle, ainsi que de l’hormonothérapie pendant dix ans, les hormones pouvant réenclencher un cancer.
Véronique, à bout de souffle après cette énumération, relativise : « le pire dans tout, ce n’était pas la découverte d’un cancer de stade deux, ni la perte de mes cheveux. Pour la radiothérapie, j’étais enfermée dans un tube pendant vingt minutes alors que je suis claustrophobe, c’était ça le pire. ». La chute des cheveux, Véronique s’en est rendu compte à son mariage. Coiffée d’une perruque pour le grand jour : « J’ai voulu la replacer et quand j’ai passé la main sur mon crâne, j’ai senti un trou. En rentrant, on s’est mis dans la salle de bain et Nicolas m’a rasé les cheveux », ajoute-t-elle simplement.
Le système médical singapourien encourage Véronique à se faire soigner en France. En octobre 2018, la famille regagne son pays natal. Le rythme intense des soins ne l’empêche pas de remplir son rôle de maman auprès de Pénélope, de jour comme de nuit. « On avait une nounou la journée, mais quand elle se réveillait toutes les nuits, je m’en occupais », explique la mère de famille.
Survivre pour mieux revivre
À l’abri dans sa bulle, elle vient à bout du cancer, sans jamais se retourner. « Nicolas en parle aujourd’hui avec de la fierté, je suis une survivante pour lui. À mes yeux, rien de tout cela n’était insurmontable », ajoute-t-elle humblement. Tout s’est enchaîné très vite. « Je devais tenir sur la longueur », avoue-t-elle, « après, il a fallu se reconstruire, reprendre ses habitudes. Revivre ». À présent, cette battante se consacre à Pénélope et à la vie associative de sa ville. Par le soutien scolaire chez Laure Enfance, ou avec le biais de l’association Vivre comme avant, elle s’investit.
« Vivre comme avant, c’est une association que j’ai découverte en novembre 2019, dans le magazine Rose, pendant ma dernière séance de chimio », se remémore la bénévole, le sourire aux lèvres. En 2021, elle rejoint Marie Dominique, coordinatrice référente, et la dizaine de bénévoles qui s’attellent à la prévention face au cancer du sein. Elles offrent une oreille et une épaule pour chaque personne atteinte de cette maladie, la plupart du temps par des visites au centre Léon Bérard de Lyon. Leur devise : « nous l’avons vécu, nous pouvons vous aider ».
« Observez vos seins et n’hésitez pas en parler », achève la combattante déterminée.
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